Tuesday, August 30, 2016

Haiti: La lutte contre le choléra est inéfficace (Le Matin)

Le manque d'argent se fait criant, avec 500 cas de choléra chaque semaine

Aucune séparation entre les lits de camps recouverts de bâches plastiques pour ces hommes, femmes et enfants regroupés dans un ancien hangar: au centre de traitement du choléra de la commune de Carrefour, près de Port-au-Prince, les malades ne disposent d'aucune intimité.

Consciencieusement, Djelile Pierre nourrit à la seringue sa fille de 5 ans, hospitalisée depuis trois jours. «Je ne croyais pas qu'elle allait survivre» raconte la jeune femme de 24 ans. «Elle est encore très faible et refuse d'avaler toute nourriture».

Deux enfant se baignent dans une flaque, à Delmas, un quartier de Port-au-Prince
(Haiti) ce 19 août 2016. Seuls 24%des habitants ont accès à l'eau courante.
Image: Keystone
Faute d'avoir bu une eau non traitée ou à cause d'un plat mal préparé, la fillette a été infectée par le choléra, comme près de 800'000 Haïtiens depuis le début de l'épidémie en octobre 2010.

Responsabilité des Casques bleus

L'ONU a enfin reconnu récemment, du bout des lèvres, la responsabilité de ses Casques bleus népalais dans l'introduction de la maladie en Haïti, tout en rappelant la non-recevabilité des poursuites judiciaires contre elle. Mais sur le terrain les équipes médicales s'inquiètent surtout du manque d'argent. 


Illustration: HCN. 

«Après octobre, on ne sait pas comment on va pouvoir continuer à soutenir la réponse rapide»...
...alerte Jean Ludovic Metenier, représentant adjoint de l'Unicef en Haïti. Déjà, les organisations humanitaires n'interviennent plus que pour éviter la propagation, au cas par cas.

A 60 kilomètres de la capitale, tout patient qui arrive à l'hôpital de Verrettes en souffrant de diarrhée aiguë est interrogé par les membres de l'ONG française Acted: déterminer comment il a été infecté est crucial pour éviter une dissémination de la maladie.

Décontamination

Ainsi, une équipe se rend au domicile d'un jeune hospitalisé dans la matinée. Tout en rassurant sa famille, les personnels commencent à répandre une solution chlorée dans sa petite maison aux murs de terre.

«Nous faisons une décontamination du domicile du patient et des latrines pour tuer la bactérie afin que les gens qui partagent la cour n'attrapent pas la maladie», détaille Nadine Guerrier, qui travaille pour Acted.

Dans le petit village rural, l'opération ne passe pas inaperçue et les travailleurs humanitaires rappellent à tous les curieux les consignes d'hygiène à suivre. Cette sensibilisation en urgence constitue aujourd'hui l'unique action pour contrer l'épidémie.
«On a complètement arrêté de travailler sur les infrastructures d'assainissement et d'eau potable», déplore Emilie Bernard, directrice pays pour Acted Haïti. «Donc on ne fait que mettre un pansement sur une fracture ouverte».

Structures sanitaires déplorables

Six ans après le début de l'épidémie, les structures sanitaires restent effectivement déplorables: 72% des Haïtiens n'ont pas de toilettes à domicile et, selon l'ONU, 42% des habitants n'ont toujours pas un accès sûr à l'eau potable.

Une situation d'autant plus problématique qu'avec 500 cas de choléra chaque semaine, Haïti fait face à la pire épidémie de son histoire récente. «Depuis le début de l'année, on a quand même eu 25'000 cas dans le pays», rapporte Jean Ludovic Metenier. «En République démocratique du Congo, un pays avec 10 fois plus d'habitants, il n'y a eu que 15'000 cas depuis janvier».

Que l'inquiétante crise sanitaire haïtienne n'interpelle plus la communauté internationale décourage les équipes qui agissent depuis six ans contre l'épidémie. «Le choléra on peut l'éliminer si on met les moyens», martèle Jean Ludovic Metenier. «Ebola, qui a eu la même incidence au niveau de la mortalité, a mobilisé 1,5 milliard de dollars. L'épidémie de choléra en Haïti n'a mobilisé depuis 2010 que 300 millions».

Manque d'argent

Sur le terrain, ce manque d'argent a des répercussions terribles.
«Nous recevons des traitements pour soigner 10 patients par jour», détaille Mirlène Lorcy, superviseuse du centre de traitement de Carrefour. Mais à 10h00 du matin, déjà 12 patients sont alités dans le hangar. «On prend en charge tous les malades qui viennent par eux-même, mais s'ils arrivent par ambulance on les renvoie ailleurs», explique-t-elle sans trop savoir vers quel autre hôpital les malades sont transportés.

Ce qu'elle sait en revanche c'est que faute de moyens son centre a vu le nombre d'infirmières réduit de moitié depuis juillet. Début août, l'épidémiologiste Renaud Piarroux tirait déjà la sonnette d'alarme, anticipant que la barre des 500 décès dus au choléra en Haïti pourrait «aisément être franchie. Cela ferait 200 morts de plus qu'il y a deux ans». (ats/nxp)

Source: Le Matin

Saturday, August 20, 2016

Choléra en Haïti, l’ONU admet ses fautes «du bout des lèvres»

« C’est une première », écrit le journal canadien Le Devoir, « les Nations unies ont admis leur responsabilité dans l’épidémie de choléra en Haïti qu’elles étaient accusées d’avoir déclenchée ». Pour les défenseurs des droits de l’homme « c’est un pas dans la bonne direction », « mais cette reconnaissance du bout des lèvres devra être suivie d’excuses publiques et d’un réel processus de justice et réparation ». 

Défenseurs des droits de l'homme et de victimes du choléra manifestent devant la base de la Minustah, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti, le 15 octobre 2015, à Port-au-Prince.AFP PHOTO/HECTOR RETAMAL 
Le Devoir a recueilli la réaction de Pierre Espérance, le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains. Il demande des dédommagements pour les victimes. « L’ONU doit prendre ses responsabilités en vue d’aider Haïti à combattre et à éradiquer le choléra », poursuit Pierre Espérance. 
« Dans toutes les missions de l’ONU dans le monde, c’est l’impunité totale, et la mission en Haïti a fait beaucoup de tort. Vol, viols collectifs, violation des droits de la personne… et jamais aucune sanction. »   -Pierre Espérance


Selon un spécialiste des Nations unies, cité par Le Devoir, les bavures de cette organisation viennent du fait que la plupart des soldats viennent des « États pauvres ». Autre problème, soulevé par Marie-Joëlle Zahar, professeur à l’université de Montréal et directrice scientifique du Réseau de recherche sur les opérations de paix : « Il n’y a pas un seul pays au monde qui est prêt à donner des troupes à l’ONU et à prendre la responsabilité d’éventuelles bavures. Malheureusement, les Nations unies sont incapables d’expliquer à quel point elles sont contraintes par les exigences des États membres. », conclut cette experte dans les colonnes du journal Le Devoir.


Source: RFI

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