Monday, July 18, 2016

Sida: infections en hausse dans plusieurs régions


Si le nombre de nouvelles infections d'enfants a diminué de quelque 70%, la baisse s'est tassée chez les adultes.

La lutte pour éradiquer l'épidémie du sida d'ici 2030 dans le monde est mise à mal. Les nouvelles infections d'adultes dans plusieurs régions ont augmenté ces cinq dernières années, dit un rapport présenté mardi à Genève.

«Nous tirons la sonnette d'alarme», a déclaré devant la presse le directeur général d'ONUSIDA Michel Sidibé en présentant le document, à quelques jours de la Conférence internationale sur le sida. En une quinzaine d'années, le nombre de nouvelles infections d'enfants a diminué de quelque 70% et ce recul se poursuit.


En revanche, la baisse s'est tassée chez les adultes. «Cette situation me fait peur», dit M. Sidibé qui demande une «action urgente». Selon les estimations, 1,9 million d'adultes ont été infectés par le sida chaque année sur les cinq dernières années au moins. Ce chiffre est loin des 3 millions d'il y a une quinzaine d'années, mais il stagne.

La prévention doit être augmentée de manière urgente auprès de cette catégorie de population, estime ONUSIDA. Dans l'est de l'Europe et en Asie centrale, la hausse annuelle de ces nouveaux cas entre 2010 et 2015 s'est établie à 57%. Après neuf ans de baisse régulière dans les Caraïbes, une augmentation de 9% a été observée. Elle atteint aussi 4% au Proche et Moyen-Orient. Et 2% en Amérique latine.

Baisse en Afrique

Quelques régions ont pu améliorer la situation. Mais la baisse est limitée en Amérique du Nord, en Europe occidentale et centrale et en Afrique de l'Ouest. Elle atteint 3% en Asie/Pacifique et 4% dans le sud et l'est de l'Afrique, continent où pour la première fois davantage de personnes accèdent à un traitement que le nombre de nouvelles infections.
Il y a deux ans, les populations les plus exposées comme les gays, les transgenres, les travailleurs du sexe et leurs clients, les consommateurs de drogue et les détenus constituaient plus d'un tiers des nouvelles infections. En Russie ou en Ukraine, qui totalisent environ 90% des nouveaux cas dans l'est de l'Europe, la discrimination des plus vulnérables risque d'élargir l'épidémie à l'ensemble de la population.

Si ces personnes n'ont pas accès à un encadrement, il ne sera pas possible d'éradiquer l'épidémie, insiste aussi M. Sidibé. Les consommateurs de drogue ne totalisent plus que 50% des nouveaux cas dans ces pays, contre une quasi-totalité auparavant. Egalement en cause, la complaisance face au virus augmente.

Par ailleurs, seules 57% des personnes infectées dans le monde savent quelle est leur situation. Au total, 46% ont accès à un traitement antirétroviral et moins de 40% vivent avec un virus maintenu à une faible dimension. Bien loin de la volonté affichée sur ces éléments par l'ONUSIDA.

20% de financement pour la prévention

Un tiers des nouvelles infections sont transmises par des personnes qui ne savent pas qu'elles sont atteintes. Et environ 60% par celles qui n'ont pas accès à un encadrement adapté.

Pour améliorer la prévention, des programmes doivent être mis en œuvre pour les jeunes femmes et leurs partenaires dans les régions très touchées. Ces jeunes femmes constituent trois quarts des nouvelles infections en Afrique subsaharienne, où se trouvent la moitié des personnes qui vivent avec le VIH. Parmi les autres recommandations, les campagnes pour les préservatifs doivent être renforcées partout dans le monde.

En une quinzaine d'années, le nombre de personnes qui ont accédé à un traitement a été multiplié par 70 et le coût a été divisé par 100. Mais en terme de financement, les contributions internationales ont diminué à environ 8 milliards de dollars en 2015.
Les pays à revenu bas ou moyen ont dépensé 57% des quelque 19 milliards financés la même année. Selon ONUSIDA, un quart du montant devrait être attribué à la prévention, mais ce taux n'atteint que 20% actuellement.

(ats/nxp)

Source: Le Matin

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