La lutte pour
éradiquer l'épidémie du sida d'ici 2030 dans le monde est mise à mal. Les
nouvelles infections d'adultes dans plusieurs régions ont augmenté ces cinq
dernières années, dit un rapport présenté mardi à Genève.
«Nous tirons la
sonnette d'alarme», a déclaré devant la presse le directeur général d'ONUSIDA
Michel Sidibé en présentant le document, à quelques jours de la Conférence
internationale sur le sida. En une quinzaine d'années, le nombre de nouvelles
infections d'enfants a diminué de quelque 70% et ce recul se poursuit.
En revanche, la
baisse s'est tassée chez les adultes. «Cette situation me fait peur», dit M.
Sidibé qui demande une «action urgente». Selon les estimations, 1,9 million
d'adultes ont été infectés par le sida chaque année sur les cinq dernières
années au moins. Ce chiffre est loin des 3 millions d'il y a une quinzaine
d'années, mais il stagne.
La prévention
doit être augmentée de manière urgente auprès de cette catégorie de population,
estime ONUSIDA. Dans l'est de l'Europe et en Asie centrale, la hausse annuelle
de ces nouveaux cas entre 2010 et 2015 s'est établie à 57%. Après neuf ans de
baisse régulière dans les Caraïbes, une augmentation de 9% a été observée. Elle
atteint aussi 4% au Proche et Moyen-Orient. Et 2% en Amérique latine.
Baisse en Afrique
Quelques régions
ont pu améliorer la situation. Mais la baisse est limitée en Amérique du Nord,
en Europe occidentale et centrale et en Afrique de l'Ouest. Elle atteint 3% en
Asie/Pacifique et 4% dans le sud et l'est de l'Afrique, continent où pour la
première fois davantage de personnes accèdent à un traitement que le nombre de
nouvelles infections.
Il y a deux ans,
les populations les plus exposées comme les gays, les transgenres, les
travailleurs du sexe et leurs clients, les consommateurs de drogue et les
détenus constituaient plus d'un tiers des nouvelles infections. En Russie ou en
Ukraine, qui totalisent environ 90% des nouveaux cas dans l'est de l'Europe, la
discrimination des plus vulnérables risque d'élargir l'épidémie à l'ensemble de
la population.
Si ces personnes
n'ont pas accès à un encadrement, il ne sera pas possible d'éradiquer
l'épidémie, insiste aussi M. Sidibé. Les consommateurs de drogue ne totalisent
plus que 50% des nouveaux cas dans ces pays, contre une quasi-totalité
auparavant. Egalement en cause, la complaisance face au virus augmente.
Par ailleurs,
seules 57% des personnes infectées dans le monde savent quelle est leur
situation. Au total, 46% ont accès à un traitement antirétroviral et moins de
40% vivent avec un virus maintenu à une faible dimension. Bien loin de la
volonté affichée sur ces éléments par l'ONUSIDA.
20% de
financement pour la prévention
Un tiers des
nouvelles infections sont transmises par des personnes qui ne savent pas
qu'elles sont atteintes. Et environ 60% par celles qui n'ont pas accès à un
encadrement adapté.
Pour améliorer la
prévention, des programmes doivent être mis en œuvre pour les jeunes femmes et
leurs partenaires dans les régions très touchées. Ces jeunes femmes constituent
trois quarts des nouvelles infections en Afrique subsaharienne, où se trouvent
la moitié des personnes qui vivent avec le VIH. Parmi les autres
recommandations, les campagnes pour les préservatifs doivent être renforcées
partout dans le monde.
En une quinzaine
d'années, le nombre de personnes qui ont accédé à un traitement a été multiplié
par 70 et le coût a été divisé par 100. Mais en terme de financement, les
contributions internationales ont diminué à environ 8 milliards de dollars en
2015.
Les pays à revenu
bas ou moyen ont dépensé 57% des quelque 19 milliards financés la même année.
Selon ONUSIDA, un quart du montant devrait être attribué à la prévention, mais
ce taux n'atteint que 20% actuellement.
(ats/nxp)
Source: Le Matin
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