11 mai 2020
Dr Tedros Adhanom
"Ce sont désormais
plus de quatre millions de cas de COVID-19 qui ont été dénombrés de par le
monde."
Au cours de la
semaine qui s’est écoulée, plusieurs pays ont commencé à assouplir
progressivement les obligations de rester chez soi et les autres mesures de
restriction imposées.
Les pays avaient
pris ces mesures drastiques, parfois appelées confinement, pour réagir face à
une transmission intense.
Beaucoup ont mis
cette période à profit pour accroître leur capacité de test, de recherche,
d’isolement et de prise en charge des malades, ce qui constitue la meilleure
solution pour suivre le virus, en freiner la propagation et diminuer la
pression qui pèse sur les systèmes de santé.
La bonne nouvelle,
c’est que ces mesures ont largement contribué à ralentir le virus et, au
final, à sauver des vies.
Cependant, des
mesures aussi strictes ont un coût et nous sommes conscients que ces
confinements ont eu de profondes répercussions socioéconomiques qui ont eu un
effet négatif sur la vie de nombreuses personnes.
Dès lors, pour
protéger à la fois la vie et les moyens de subsistance des personnes, il est
essentiel d’assouplir doucement et progressivement le confinement, de manière
à stimuler les économies tout en restant vigilants face au virus. Cela
permettra d’appliquer rapidement des mesures de lutte si l’on constate un
rebond du nombre de cas.
J’ai déjà exposé
les six critères que les pays doivent prendre en considération avant de lever
les obligations de rester chez soi et les autres mesures de restriction.
Ce week-end, de
nouvelles orientations ont été publiées pour préciser les trois questions que
les pays doivent se poser avant d’assouplir le confinement :
Premièrement,
l’épidémie est-elle maîtrisée ?
Deuxièmement, le
système de soins de santé est-il en mesure d’absorber une remontée du nombre
de cas susceptible de découler d’un assouplissement de certaines mesures ?
Troisièmement, le
système de surveillance de santé publique est-il capable de détecter et de
gérer les cas et leurs contacts et de repérer une résurgence des cas ?
La réponse à ces
trois questions peut aider à déterminer s’il est possible, ou non,
d’assouplir doucement le confinement.
Il n’en demeure
pas moins que même en répondant positivement à ces trois questions, la levée
du confinement est à la fois complexe et difficile.
Ce week-end, nous
avons eu un aperçu des difficultés qui peuvent nous attendre.
En République de
Corée, les bars et les boîtes de nuit ont été fermés après que la confirmation
d’un cas a permis de trouver de nombreux contacts.
À Wuhan, en
Chine, le premier groupe de cas a été identifié depuis la levée du
confinement.
L’Allemagne a,
elle aussi, fait état d’une hausse du nombre de cas depuis qu’elle a assoupli
les restrictions.
Heureusement, ces
trois pays disposent de systèmes qui leur permettent de détecter une
résurgence des cas et d’y répondre. I
Il ressort
d’études sérologiques préliminaires que le pourcentage de personnes
présentant des anticorps anti-COVID-19 est relativement bas, ce qui signifie
que la majeure partie de la population reste sensible au virus.
L’OMS travaille
en étroite collaboration avec les gouvernements pour garantir le maintien en
vigueur des mesures de santé publique essentielles, de manière à répondre aux
difficultés de la levée du confinement.
Tant qu’il n’y
aura pas de vaccin, ce train de mesures global reste notre outil le plus
efficace pour contrer le virus.
C’est dans le
même ordre d’idée que de nouvelles orientations ont été publiées ce week-end
à propos de la réouverture des écoles et des lieux de travail.
S’agissant du
retour à l’école des enfants, les décideurs doivent envisager plusieurs
facteurs essentiels au moment de décider d’une éventuelle réouverture des
écoles et de ses modalités d’application :
Premièrement, il
faut bien comprendre comment le virus se transmet en ce moment et la gravité
de la maladie pour les enfants.
Deuxièmement, la
situation épidémiologique de la COVID-19 là où l’école se situe doit être
prise en considération.
Troisièmement, la
capacité à maintenir des mesures de prévention et de lutte contre la COVID-19
en milieu scolaire.
Au moment de
réfléchir à une réouverture des écoles, les pouvoirs publics locaux doivent
évaluer leur capacité à contenir l’infection et à garantir des mesures de
prévention et de lutte contre le virus.
La semaine
dernière, j’ai également eu des discussions avec l’Organisation
internationale du Travail (OIT) et l’Organisation internationale des
Employeurs (OIE) au sujet de la réouverture des lieux de travail et des
modalités pour que cela se fasse en toute sécurité.
Durant le
week-end, l’OMS a publié de nouvelles orientations détaillées concernant les
lieux de travail. Elles recommandent que pour chaque lieu de travail, une
évaluation des risques soit menée pour estimer dans quelle mesure les
travailleurs pourraient être exposés à la COVID-19. Cela englobe également la
mise en œuvre de mesures destinées à prévenir la propagation du virus.
Les lieux de
travail doivent intégrer à leur plan d’activités général des plans d’action
pour la prévention et l’atténuation de la COVID 19.
Ces plans doivent
également prévoir des mesures de protection de la santé, de la sûreté et de
la sécurité dans le cadre de la réouverture, de la fermeture ou de la
modification des lieux de travail.
L’Organisation
mondiale de la Santé et l’ONUSIDA ont publié aujourd’hui une nouvelle
modélisation relative au VIH.
Elle montre bien
à quel point il est important de prendre des mesures immédiates pour que les
services de santé et les approvisionnements en antirétroviraux subissent
aussi peu d’interruptions que possible pendant la pandémie de COVID-19.
Selon le pire
scénario envisagé par le groupe – un arrêt de six mois du traitement
antirétroviral –, il pourrait y avoir au cours de l’année à venir jusqu’à 500
000 décès supplémentaires en Afrique subsaharienne en raison d’infections
liées au sida, notamment la tuberculose.
Cela reviendrait
concrètement à revenir plus de dix ans en arrière, jusqu’en 2008, à une
époque où l’on avait observé plus de 950 000 décès liés au sida dans la
région.
Il s’agit là du
pire des scénarios, qui peut être évité, et non d’une prédiction. Ce modèle
doit nous rappeler qu’il est primordial de trouver des solutions pour
maintenir l’ensemble de services de santé essentiels.
L’attention se
concentre, certes, sur la pandémie de COVID-19, mais nous devons toujours
veiller à ce que les approvisionnements mondiaux de tests et de traitements
pour le VIH et la tuberculose arrivent jusqu’aux pays et aux communautés qui
en ont le plus besoin. Nous devons sauver les gens de la COVID, du VIH et
d’autres maladies qui mettent leur vie en péril.
Or, même si elle
est de relativement courte durée, une interruption de traitement fait peser
une grave menace sur la santé des personnes et augmente le risque d’une
transmission du VIH.
===
La COVID-19 a mis
en lumière la répartition inégale sur la planète du matériel médical
essentiel.
Demain, le
Partenariat « Tech Access » sera lancé pour renforcer la production locale de
technologies de santé essentielles comme les masques et la ventilation
assistée dans les pays en développement.
Ce nouveau
partenariat offre un nouvel exemple formidable de la solidarité en action,
après les vols de solidarité, les essais cliniques Solidarity et le
Dispositif d’accélération de l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19,
qui ont tous pour objectif de faire en sorte que les dernières innovations en
matière de santé aillent jusqu’aux communautés qui en ont le plus besoin.
Nous ne pourrons
sortir de cette pandémie qu’ensemble, en faisant preuve d’unité nationale et
de solidarité mondiale.
Je le redis :
nous ne sortirons de cette pandémie qu’ensemble, en faisant preuve d’unité
nationale et de solidarité mondiale.
Je vous remercie.
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