Étape 1 | Étape 2 | Étape 3 | Approuvés | Approuvés au Canada |
23 | 16 | 13 | 7 | 1 |
Note : les vaccins approuvés incluent les vaccins candidats qui ont été approuvés pour une utilisation d'urgence ou à grande échelle dans au moins un pays.
Cliquez ici pour voir le progrès de chaque vaccin.Cette page sur les vaccins en développement pour contrer le SRAS-CoV-2 est mise à jour régulièrement à partir des rapports de l'Organisation mondiale de la santé et des autorités sanitaires canadiennes.
Publié le 24 juillet 2020 | Mis à jour le 9 décembre 2020
Un vaccin efficace contre le coronavirus causant la COVID-19 permettrait un retour à une vie normale. Le 9 décembre 2020, le Canada a approuvé une première formule, une étape cruciale pour sa distribution à la population.
Les premiers résultats publiés cet automne, après des tests sur des volontaires, montrent que plusieurs vaccins seraient très efficaces pour se protéger de la COVID-19. En décembre 2020, plusieurs vaccins ont reçu des approbations d'urgence dans certains pays. De son côté, le Canada a précommandé des centaines de millions de doses auprès de plusieurs manufacturiers. Les résultats des tests cliniques sont analysés par les autorités sanitaires avant toute distribution à la population.
Plus d'une centaine d'équipes de scientifiques du monde entier sont à pied d'oeuvre pour développer un vaccin contre la COVID-19. « C'est un processus aussi impressionnant que fascinant, indique la Dre Lynora Saxinger, spécialiste en maladies infectieuses à l'Université de l'Alberta, à Edmonton. Et c'est un travail absolument nécessaire. » Même dans les pays où le coronavirus a provoqué une hécatombe, on est loin d'atteindre un taux d'immunité collective. Sans cette immunité, le virus peut continuer à se propager de façon exponentielle lorsqu'on se déconfine, explique-t-elle.
Plusieurs vaccins enregistrés auprès de l'Organisation mondiale de la santé sont développés au Canada. Des experts canadiens collaborent aussi à des projets d'organisations étrangères. L'expertise du pays, notamment grâce à des travaux sur les virus Ebola, SRAS et MERS, en est renforcée, selon la Dre Saxinger.
Les grandes étapes
En général, le développement d'un vaccin prend plus de 10 ans. Les étapes vont comme suit :
- L'évaluation préclinique : quand un vaccin semble prometteur en laboratoire, il est d'abord testé sur des animaux afin de s'assurer qu'il est sans danger et de déterminer la dose nécessaire pour déclencher une réponse immunitaire.
- L'étape 1 des essais cliniques : on commence les tests sur 10 à 100 volontaires en bonne santé. L'objectif est de détecter les potentiels effets secondaires et d'ajuster les dosages.
- L'étape 2 : le vaccin est maintenant testé sur plusieurs centaines de volontaires en bonne santé. On cherche à détecter les effets secondaires à court terme, la réaction du système immunitaire, la dose optimale et le meilleur moment pour l'injecter.
- L'étape 3 : les tests se font sur des milliers de personnes susceptibles d'être infectées. Lors de cette ultime vérification, en plus de vérifier que le vaccin est sécuritaire, on s'assure qu'il est efficace chez les personnes susceptibles de tomber malades. On trouve aussi les patients pour lesquels le vaccin serait déconseillé.
- L'approbation : au Canada, les fabricants doivent fournir les preuves scientifiques quant à la sécurité, l'efficacité et la qualité de leur vaccin. Ils doivent aussi documenter leur méthode de fabrication et de production, avec les tests de qualité qu'ils mèneront. Santé Canada évalue la demande et s'assure que les bienfaits du vaccin surpassent les risques.
Ce processus a été accéléré pour la COVID-19. Le premier essai sur des humains a commencé en mars, seulement deux mois après l'identification du virus et de la maladie. Et les différentes étapes se déroulent en parallèle plutôt que les unes à la suite des autres. Par exemple, l'étape 2 d'un vaccin peut se dérouler quelques semaines après le début de l'étape 1, même si cette dernière peut encore durer des mois.
Dans le tableau ci-dessous, un drapeau est apposé au nom de l'organisation lorsqu'il s'agit d'un vaccin développé au Canada. Un symbole est ajouté quand le vaccin est approuvé au Canada.
Vaccins en développement clinique
Organisations | Type | 1 | 2 | 3 | Appr. |
---|---|---|---|---|---|
Pfizer/BioNTech | ARN | ||||
Beijing Institute of Biological Products/Sinopharm | Virus inactivé | ||||
Bharat Biotech | Virus inactivé | ||||
Sinovac | Virus inactivé | ||||
Wuhan Institute of Biological Products/Sinopharm | Virus inactivé | ||||
Medicago | Pseudo-particules | ||||
CanSino Biologics/Academy of Military Medical Sciences | Vecteur non réplicatif | ||||
University of Oxford/AstraZeneca | Vecteur non réplicatif | ||||
Gamaleya Research Institute | Vecteur non réplicatif | ||||
Janssen (Johnson & Johnson) | Vecteur non réplicatif | ||||
Moderna/NIAID | ARN | ||||
Anhui Zhifei Longcom/Institute of Microbiology, Chinese Academy of Sciences | Sous-unités protéiques | ||||
Novavax | Sous-unités protéiques | ||||
Institute of Medical Biology, Chinese Academy of Medical Sciences | Virus inactivé | ||||
Research Institute for Biological Safety Problems | Virus inactivé | ||||
Shenzhen Kangtai Biological Products | Inactived | ||||
SpyBiotech/Serum Institute of India | Pseudo-particules | ||||
Beijing Wantai Biological Pharmacy/ Xiamen University | Vecteur réplicatif | ||||
Israel Institute for Biological Research/Weizmann Inst. of Science | Vecteur réplicatif | ||||
Arcturus/Duke-NUS | ARN | ||||
CureVac | ARN | ||||
Cadila Healthcare | ADN | ||||
Genexine Consortium | ADN | ||||
Inovio/International Vaccine Institute | ADN | ||||
Osaka University/AnGes/Takara Bio | ADN | ||||
Biological E | Sous-unités protéiques | ||||
Kentucky Bioprocessing | Sous-unités protéiques | ||||
Sanofi Pasteur | Sous-unités protéiques | ||||
West China Hospital, Sichuan University | Sous-unités protéiques | ||||
Codagenix/Serum Institute of India | Virus atténué | ||||
CanSino Biologics/Academy of Military Medical Sciences | Vecteur non réplicatif | ||||
ImmunityBio, Inc. & NantKwest Inc. | Vecteur non réplicatif | ||||
Ludwig-Maximilians/University of Munich | Vecteur non réplicatif | ||||
ReiThera | Vecteur non réplicatif | ||||
Vaxart | Vecteur non réplicatif | ||||
City of Hope | Vecteur réplicatif | ||||
Merck Sharp & Dohme | Vecteur réplicatif | ||||
Merck Sharp & Dohme/Themis Bioscience/Institut Pasteur | Vecteur réplicatif | ||||
Imperial College London | ARN | ||||
People's Liberation Army Academy of Military Sciences/Walvax Biotech | ARN | ||||
Providence Health & Services | ADN | ||||
Symvivo | ADN | ||||
COVAXX | Sous-unités protéiques | ||||
Clover Inc./GSK/Dynavax | Sous-unités protéiques | ||||
Chinese Academy of Military Sciences | Sous-unités protéiques | ||||
Instituto Finlay de Vacunas | Sous-unités protéiques | ||||
Instituto Finlay de Vacunas | Sous-unités protéiques | ||||
Medigen Vaccine Biologics | Sous-unités protéiques | ||||
University Hospital Tuebingen | Sous-unités protéiques | ||||
University of Queensland | Sous-unités protéiques | ||||
Vaxine Pty Ltd/Medytox | Sous-unités protéiques | ||||
Vector | Sous-unités protéiques | ||||
University of Manitoba | Pseudo-particules | ||||
University of Manitoba | Vecteur réplicatif | ||||
Western University | Vecteur réplicatif | ||||
Entos Pharmaceuticals | ADN | ||||
Mediphage Bioceuticals/University of Waterloo | ADN | ||||
Immunoprecise/LiteVax BV | Sous-unités protéiques | ||||
IMV Inc. | Sous-unités protéiques | ||||
University of Alberta | Sous-unités protéiques | ||||
VIDO-InterVac, University of Saskatchewan | Sous-unités protéiques | ||||
Providence Therapeutics | ARN |
Plusieurs vaccins à l'horizon?
La vaste majorité des vaccins en évaluation préclinique ne seront jamais distribués au grand public (94 % échouent à cette étape, selon une étude publiée en 2013). Mais pour la COVID-19, comme un nombre impressionnant de vaccins sont en développement, plusieurs pourraient se rendre jusqu'à une mise en marché, chacun ayant sa propre stratégie pour venir à bout du nouveau coronavirus, selon la Dre Saxinger.
L'humanité pourrait tirer plusieurs avantages de cette diversité :
- Comme les vaccins nécessiteront des ingrédients différents, la compétition sera donc moins féroce pour les ressources entre les centres de production.
- Des vaccins pourraient être plus adaptés à certains groupes, par exemple en raison de leur âge ou de leur patrimoine génétique.
- Certains vaccins nécessitent aussi de plus grandes doses pour être efficaces, alors que d'autres sont plus simples à fabriquer, à tester ou à distribuer.
Stephen Barr, professeur associé en microbiologie et immunologie à l'Université Western, à London, en Ontario, travaille sur un potentiel vaccin avec son équipe. Le « meilleur » vaccin n'est pas forcément le bon pour tout le monde, souligne-t-il. « Mais le deuxième choix est peut-être salutaire pour les patients qui ne répondent pas au premier. Donc c'est toujours une bonne chose d'avoir plusieurs options ou d'avoir divers vaccins qu'on peut utiliser parallèlement dans le monde entier. »
Les différents types de vaccins
Vaccins à virus entier
Ce sont les vaccins traditionnels, utilisés depuis des décennies. La plupart d'entre nous en ont reçu.
Vaccins à virus inactivé
Pour ces vaccins, le virus est cultivé en grande quantité, puis tué avec un produit chimique, de la chaleur ou des radiations. Deux vaccins pour la grippe sont conçus ainsi, avec un virus que l'on reproduit dans des oeufs de poule ou dans des cellules de mammifères.
Avantages
- Ces vaccins peuvent être injectés aux personnes ayant un système immunitaire affaibli.
Inconvénients
- En général, ils ne provoquent pas une réponse immunitaire aussi forte qu'avec un virus vivant. Plusieurs doses avec des adjuvants sont souvent requises.
- De grandes quantités du virus doivent être cultivées, ce qui peut prendre du temps et n'est pas toujours évident pour une production de masse.
Vaccins à virus vivant atténué
Le virus est cultivé mais, au lieu d'être tué, il est génétiquement affaibli pour le rendre incapable de se multiplier dans notre corps. Dans le passé, on le cultivait dans des environnements distincts de ceux dans lequel il se reproduit normalement. C'est la technique utilisée pour les vaccins contre la varicelle ou la fièvre jaune.
Pour les vaccins contre le SRAS-CoV-2, on utilise plutôt une technique d'ingénierie génétique qui consiste à recréer le virus à partir de zéro en y intégrant des mutations qui le fragilisent.
Avantages
- Ces vaccins provoquent une réponse immunitaire ressemblant à une véritable infection et permettent généralement une protection à long terme – parfois à vie – avec une seule dose.
Inconvénients
- Ils ne sont pas forcément adaptés aux personnes ayant un système immunitaire faible, des organes transplantés ou des problèmes de santé chroniques.
- Les virus vivants doivent être conservés au froid, ce qui complique leur transport et les rend inutilisables dans les pays sans accès facile à la réfrigération.
- De grandes quantités du virus doivent être cultivées, ce qui prend du temps et n'est pas facile à mettre en oeuvre pour une production à grande échelle.
Vaccins à virus fragmenté
Ces vaccins ne contiennent pas de virus entier, mais seulement des fragments. Ils mettent en contact notre système immunitaire avec, par exemple, des protéines qui composent le virus. Notre corps apprend ainsi à les reconnaître et prépare ses défenses.
Dans le cas du SRAS-CoV-2, la partie concernée est le crochet ou la protéine en forme de « S ». Ce crochet permet au virus de s'agripper aux cellules humaines, avant d'y pénétrer. C'est d'ailleurs ce qui lui donne son aspect de couronne lorsqu'on l'observe au microscope, d'où le nom « corona » virus.
Vaccins à sous-unités protéiques
Pour ce type de vaccin, la protéine est produite à l'extérieur du corps. Auparavant, on désintégrait des virus entiers avec des détergents pour isoler la protéine. Mais, de nos jours, il est possible d'insérer le gène qui permet la production de la protéine dans un autre organisme que le virus lui-même afin de la produire en grande quantité.
Avantages
- Ils peuvent être produits plus rapidement que les vaccins à virus vivant.
Inconvénients
- En général, ils ne provoquent pas une réponse immunitaire aussi forte que les vaccins à virus entier. Un adjuvant est parfois nécessaire pour catalyser la réponse des patients.
- En général, ils ne peuvent pas être mis en production à grande échelle aussi rapidement que les vaccins à ADN ou à ARN.
Vaccins à vecteur viral non réplicatif
Un vecteur viral est un virus inoffensif qui peut être manipulé pour transporter en lui un morceau d'un autre virus, comme le SRAS-CoV-2. Il est modifié génétiquement pour ne pas se reproduire et ne pas causer de maladie. Il est programmé pour fabriquer une protéine, comme celle avec laquelle le coronavirus s'accroche aux cellules humaines, ce qui permet de provoquer une réaction immunitaire.
Parmi les vecteurs viraux utilisés pour les vaccins potentiels contre la COVID-19, on trouve les adénovirus, le virus modifié de la vaccine Ankara (une variole affaiblie), des para-influenzas (causant des maladies respiratoires) et le virus de la rage.
Avantages
- En général, ils provoquent une réaction immunitaire plus forte que les vaccins à sous-unités protéiques.
- Certains n'ont pas besoin d'être entreposés à basse température (selon la compagnie chinoise CanSino), ce qui permettrait leur usage en régions tropicales sans accès à la réfrigération.
Inconvénients
- Les personnes qui ont déjà été exposées au vecteur viral, par exemple à l'adénovirus, peuvent résister au traitement.
- Ces vaccins peuvent être difficiles à produire en grandes quantités, car le vecteur viral doit être cultivé.
- Puisque le vecteur viral ne peut pas se reproduire par lui-même dans le corps, de grandes quantités du virus doivent être injectées dans les patients, ce qui allonge le temps de production.
Vaccins à vecteur viral réplicatif
Ce vecteur est un virus inoffensif pour l'humain, mais qui peut se reproduire dans le corps. Soit il ne cause naturellement aucun symptôme, soit il a été affaibli. Il a été modifié afin de produire une protéine comme celle qui permet au SRAS-CoV-2 de s'accrocher aux cellules humaines, provoquant une réaction immunitaire contre lui. Ce type de vaccin a déjà été approuvé contre l'Ebola.
Parmi les vecteurs réplicatifs utilisés pour les vaccins potentiels contre la COVID-19, on trouve des versions affaiblies de l'influenza et de la rougeole, tout comme des virus qui infectent habituellement le bétail, tels que la variole équine ou le virus de la stomatite vésiculaire.
Avantages
- Ces vaccins simulent de façon très fidèle une vraie infection et provoquent une forte réaction immunitaire généralisée.
- Comme le vecteur peut se reproduire dans le corps humain, seulement une petite dose est nécessaire en général.
- La faible quantité de la dose permet souvent de réduire les coûts et les temps de production.
Inconvénients
- En général, ils nécessitent plus de tests avant d'être approuvés et distribués à la population, ce qui augmente le temps de développement.
- Ils doivent être conservés au froid pour garder le virus vivant, ce qui complique leur distribution et limite leur usage aux régions du monde qui ont accès à la réfrigération.
Vaccins à ARN (acide ribonucléique)
Avec ces vaccins, on injecte chez les patients le code génétique relatif à une protéine, par exemple celle qui permet aux coronavirus de s'accrocher aux cellules humaines. Les cellules dans le corps du patient prennent alors cette « recette » et produisent la protéine, permettant au système immunitaire de la reconnaître et d'y réagir.
Avantages
- Aucun virus n'est nécessaire pour la production de ces vaccins, ce qui peut permettre une production plus rapide qu'avec les vaccins traditionnels.
Inconvénients
- Ils ne sont pas stables et doivent être conservés à des températures très basses.
Vaccins à ADN (acide désoxyribonucléique)
On injecte chez les patients le code génétique – la « recette » – d'une protéine, par exemple celle qui permet aux coronavirus de s'accrocher aux cellules humaines. La recette est un bloc d'ADN. Ce sont ensuite les cellules du patient qui suivent la recette et produisent la protéine. Le système immunitaire apprend ainsi à la reconnaître et à déclencher ses mécanismes de défense.
Avantages
- Ces vaccins sont rapides et peu coûteux à produire.
- Ils peuvent être conservés à température ambiante.
Inconvénients
- La « recette » doit entrer dans le noyeau des cellules du patient, ce qui complique l'opération.
Emily Chung journaliste scientifique, Naël Shiabjournaliste de données, Daniel Blanchette Pelletierchef de pupitre, Santiago Salcido designer. Avec la collaboration de Matt Crider, Andrew Ryan, Dwight Friesen et Richard Grasley de CBC News Labs.
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