Port-au-Prince, Haiti, 6 mai 2016
Dans deux notes de presse émises au sujet de la crise qui sévit au niveau
des hôpitaux publics en vertu de la grève qu’ont déclenchée des médecins résidents
il y a près de six semaines, l’AMH a donné son appui aux grévistes qui ne
semblent pas prêts à se départir de leur position.
L'Hôpital Justinien au Cap-Haitien, un lieu déserté du fait de la grève des médecins-résidents. Photo: Gérard Maxineau |
« Un protocole d'accord officiel avec un chronogramme d’exécution et signé
par les parties prenantes devrait permettre la résolution de la crise et la
reprise d'urgence du fonctionnement de nos hôpitaux et centres de santé publics
»,
a écrit l’AMH dans l'une des notes signées par Dr Marie Greta Roy Clément et Dr Yolène Vaval Surena, respectivement présidente et secrétaire adjoint de l’AMH.
La grève des médecins résidents doit interpeler, selon l’AMH, « l’exécutif,
le corps législatif, la société civile, les bailleurs de fonds et les
prestataires de soins. »
L’AMH est un regroupement de médecins pour la plupart en pratique privée
qui été fondé en 1948 et dont la mission est de « développer des projets
et de les mettre en pratique au bénéfice des communautés haïtiennes »
Cette grève aurait fait, selon ce que rapportent les médias, une victime en
la personne d’une femme enceinte qui est passée de vie à trépas le 4 mai 2016 à Port-au-Prince devant
la barrière même de l’hôpital universitaire dont l’accès lui aurait été
interdit.
L'AMH interpelle les parlementaires pour
qu’ils s’associent au mouvement des grévistes au bénéfice de la
population haïtienne. L’association
médicale promet de travailler à trouver une solution, comme souhaitée par toute la société et
particulièrement les démunis. Conformément
à sa mission et à ses statuts, l’AMH dit
s’engager à s’impliquer activement dans la recherche de solutions efficaces et
durables en consultation avec toutes les
parties concernées.
Dépenses en santé par habitant pour Haiti ($ US courants)
Le total des dépenses de santé est la somme des dépenses de santé publiques
et privées en tant que ratio de l'ensemble de la population. Il englobe la
prestation de services de santé (préventifs et curatifs), les activités de
planification familiale, les activités ayant trait à la nutrition et l'aide
d'urgence réservée à la santé mais il exclut la prestation d'eau et de services
d'hygiène. Les données sont en dollars américains courants. Pour Haiti, en
2014, les dépenses en santé par habitant consistent de $108.
« Les dépenses de santé représentent 3.3% du revenu des ménages (Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti - ECVH, 2001). Seulement 9% des ménages en milieu rural contre 28% dans l’aire métropolitaine estiment pouvoir faire face à leurs dépenses de santé. Dans l’ensemble du pays, 4 ménages sur 5 affirment n’être pas en mesure de satisfaire leurs besoins alimentaires.Le cycle de la pauvreté en Haïti entretient des patrons de comportements individuels et collectifs et un mode de vie propices au développement de maladies nutritionnelles de carence, maladies infectieuses transmissibles et maladies parasitaires.L’analyse du Budget alloué à la santé démontre un faible niveau de financement et beaucoup d’inefficiences. Avec 5,7% du PIB consacrés à la santé pour l’exercice fiscal 2005-06 et les trente-deux dollars américains (32 USD)* par année dépensés par habitant (MSPP, 2009), Haïti aurait dû obtenir de meilleurs résultats sanitaires. Toutefois, comme le financement repose en bonne partie sur le paiement direct par les patients, au mieux, ces derniers ou leurs proches attendent que leur état soit déjà trop détérioré pour quérir les soins, ou, au gré, n’y ont pas du tout recours. Dans les deux cas, les conséquences négatives sont bien connues autant en termes d’équité que d’efficience. En effet, dans un contexte où le recouvrement des coûts est une pratique largement répandue, et où plus des trois quart de la population survit avec moins de deux dollars américains (2 USD) par jour, (PNUD, 2005), l’imposition d’un tarif, même faible, peut constituer un obstacle insurmontable à l’utilisation des services et soins de santé. Les ménages contribuent pour environ un tiers des dépenses de santé.Enfin, l’État assume près d’un tiers des dépenses de santé. Globalement, le budget alloué au secteur atteint 75 Millions de dollars américains pour l’année fiscale 2009-10 dont une large part (environ 80%) va au paiement des salaires du personnel. » [juillet 2012]
L’AMH et les grévistes ne devraient-ils
pas livrer bataille plus durement contre le congrès haitien et l’éxcutif
qui procèdent aux allocations budgétaires ?
Une analyse de ces allocations budgétaires s’impose
et le secteur Santé devrait alors, à
notre avis, faire des études comparatives de ces allocations budgétaires à tous les
domaines publics et déterminer ensuite lesquels d’entr’eux s’attribuent la part du lion au détriment du secteur
responsable essentiellement du maintien du bien-être et de la vie des haitiens.
Avant la dissoulution des forces armées d'Haiti, près de 45% du budget national étaient dévorés par celles-ci. Quel secteur est maintenant un budgétivore?
Par Dr Carl Gilbert, pour HCN
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*En 2014, les dépenses en santé per capita sont passées à
$108.oo
·de 32 USD en
2006
UN lecteur de cet article qui veut garder l'anonymat m'a écrit pour demnader si les grévistes n'ont pas prévu ou établi des services de triage des urgences, ce qui aurait pu prévenir la mort de la parturiente évoquée dans mon articles. je regrette de n'avoir pu informer le lecteur à ce sujet.
ReplyDeleteCarl Gilbert