Depuis environsept semaines, la grève des médecins-residents et internes paralysent plusieurscentres hospitaliers d’Haiti.
Dans ce pays où la situation sanitaire est précaire et où l’accès aux soins primaires,secondaires et tertiaires est des plus limités, il va sans dire que la populationhaitienne est en train de souffrir de cette grève qui, a bien considérer, est récurrente,revenant de manière régulière du fait que des solutions ou remèdes durables n’yont jamais été apportés.
Milot: Hôpital du Sacré-Coeur comblé du fait de la grève des hôpitaux (Photo: Gérard Maxineau) |
Cette fois, lagrève a dépassé le cadre de la ‘république de Port-au-Prince’ pour s’étendre à d’autres régions du pays. C’est dire que les grévistes sont à bout depatience face à une situation qui n’a fait que se répéter au fil des années.
A cette fièvre decheval dont souffre le sytème de santé du pays, les grévistes semblent vouloirappliquer un remède de cheval en contrepartie.
Réussiront-ils ?
Depuis bien desannées, l’assiette budgétaire du secteur Santé est des plus maigres, si ce n’est la plus maigre. Dans un document publié par le MSPP (Ministère de la Santé Publique et de la Population) c’est cette plainte que l’on retrouve enfiligrane entre les lignes du document, plainte qui nous fait comprendre quedes gémissements audibles du souffrant allait bientôt se faire entendre. Pointbesoin d’avoir un stéthoscope -pour poursuivre la métaphore- en vue de diagnostiquer que le systèmeétait à bout de souffle.
Entretemps, des carnavals sont organisés à longueur de l’année, carnavals auxquels on invite lepeuple à danser ou à participer bon gré mal gré. Et les cyniques diront alors « vousavez chanté toute l’année et bien dansez maintenant. » Face à cettepénurie de soins.
Entretemps, dirions-nous,des « per diem » s’augmentent de tous les coins de l’administration publique, afin de financer des voyagesvers l’étranger dont les objectifs sont pour le moins ambigus voire suspects. Des voitures luxueuses sont mises à la disposition des officiels desautres secteurs publics qui les utilisent quand bon leur semble et en dehorsdes heures régulières de travail.
Quid des autresgaspillages financiers entretenus par la corruption qui prennent place à tousles échelons de l’administration publique ?
Alors que d’autressecteurs de l’administration haïtienne du pays connaissent des vaches graisses,le secteur Santé se voit presquetoujours en face de vaches maigres ou bien reste et demeure condamné à mangerde la vache enragée.
Priorités et vision
Avec le Zika qui étend ses ailes sur toute la planète, d’autres états se préparent déjà pour pareraux conséquences néfastes de cette maladie virale.
Les diarrhées infantiles et autres maladies infectieuses et le choléra ne vont- ils pas continuer à faire des ravages au sein de la population haïtienne si l’état haïtien neprend pas des mesures prioritaires pour les combattre avec une vision qui surmonteles notes cacophoniques des politiciens ?
Le MSPP a délivrédu matériel médical et autres intrants à l’Hôpital de l’Université dePort-au-Prince en guise de réponses aux desiderata des grévistes. Mais ces actions ponctuelles représentent à notre avis un cautère sur une jambe de bois.
« Au cas oùles négociations entre les autorités et les médecins grévistes aboutissent ceweek-end, les autorités de la santé nous procurent du minimum pour être fonctionnel. »
a déclaré Maurice Fils Mainville, directeur général de l’HUEH (le Nouvelliste,12-05-2016).
Il a bien dit : le minimum. Et les hôpitaux des provinces, que vont-ils recevoir alors ?
Aflluence à l'Hôpital Sacré-Coeur de Milot à cause de la grève à l'Hôpital Justinien du Cap (Source: Gérard Maxineau) |
L’application d’une Politique Nationale de Santé, c’est ce dont Haiti a besoin et ses dirigeants doivent être conscients chaque minute,chaque heure, chaque seconde de l’importance de la santé dans le processusgénéral de développement du pays. Ses dirigeants ne doivent pas oublier nonplus que la Constitution haïtienne reconnait le droit à la santé du citoyen haïtien ou de la citoyenne haïtienne.
Ils doivent alors S’EMPLOYER à faire de la promotion sanitaire un des domaines prioritaires de l’action gouvernementale.
Dr Carl Gilbert, pour HCN
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